2018, Jezus-Eik

Masterplan Jezus-Eik

Avant

L’histoire de Jezus-Eik remonte au 12 octobre 1642 quand une première messe a été dite au pied d’un grand chêne et à laquelle de nombreux pèlerins assistaient. Ceci fait suite à un miracle qui s’était produit à cet endroit. Dans un premier temps, une chapelle en bois y fut érigée et quelques années plus tard, débuta la construction d’une église.

Les diverses photos d’archive représentent la chaussée de Bruxelles et l’église avec sa tour qui avait fait l’objet d’une transformation en 1868. Cette tour a ensuite, début du 20° siècle, été partiellement démolie pour obtenir l’église telle qu’elle se présente actuellement.

Ainsi, à la fin du 19° siècle, Jezus-Eik était un petit village tranquille. Seulement quelques maisons étaient construites le long de la rue déjà dénommée chaussée de Bruxelles ou les piétons et les chevaux étaient les rois.

Ceci, avant l’arrivée des voitures et d’une infrastructure routière importante, qui ont pris possession de la Forêt de Soignes et des alentours de l’église de Jezus-Eik. Situation bien connue des automobilistes qui chaque matin, à partir de l’église, mettent plus d’un quart d’heure pour passer le carrefour Léonard.

Projet

Actuellement le bourgmestre et les échevins de la commune ont de grands projets à ce sujet, dénommé Masterplan. Celui-ci a été présenté lors d’un conseil communal : le but est de rendre piétonnier la place devant l’église ainsi que ses alentours et de réaliser ainsi une ‘’Place Horeca’’.

Une étude a été commandée à un bureau spécialisé en matière d’urbanisme. Les difficultés à la base sont importantes car elles dépendent, pour certains points, de structures qui ne sont pas de la compétence de l’autorité locale : les gestionnaires de l’autoroute, la commune Auderghem avoisinante et les dirigeants de la Forêt de Soignes. Il est évident que sans la coopération de toutes les instances concernées il sera impossible de réaliser ce projet dans sa totalité.

Sortie autoroute E411

La sortie d’autoroute à la chaussée de Bruxelles, condamnée par ce projet, serait déplacée à hauteur de la Brabandtlaan. Une étude réalisée il y a 10 ans à ce sujet avait déjà conclu que la viabilité de Jezus-Eik était hypothéquée suite à ce trafic important près de l’église La réalisation d’un nœud autoroutier distant du carrefour Leonard serait la solution, pour autant que le service public (bus) soit garanti. Ainsi, la sortie Jezus-Eik ne serait accessible qu’aux transports en commun.

Il est évident que cette sortie ne pourrait se faire qu’en procédant à des expropriations des 2 côtés de l’autoroute. Il est curieux de constater que l’étude en question ne donne aucun détail sur la méthode à adopter pour réaliser cette sortie d’autoroute.

Accès à la Forêt de Soignes

Les 3 régions qui gèrent la Forêt de Soignes ont élaboré une nouvelle vision pour, l’ensemble, du bois en mettant l’accent sur l’espace et l’écologie. Jezus-Eik avait été désignée comme étant le site idéal pour faire office de ‘’porte’’ d’accès au bois. La difficulté alors était de définir la méthode idéale pour accueillir les visiteurs (principalement automobilistes, cyclistes), les promeneurs et les gastronomes.

Les environs devenant piétonniers il fallait trouver de nouvelles places de parking pour au minimum compenser les places perdues le long des restaurants situés chaussée de Bruxelles. La solution idéale, suivant les concepteurs du plan, serait d’acquérir le site industriel WAWA (site ancestral de vente de remorques vendu par la famille Dombard) situé au début de la Kapucijnendreef. Cet ensemble serait actuellement à vendre pour 1.800.000 €. C’est la commune qui serait chargée d’acheter l’immeuble et pourrait, comme annoncé au conseil communal, bénéficier de subsides de l’ordre de 50 %.

En complément, la rue Comte J. de Meeus, située entre l’autoroute et la station de bus, serait aménagée pour permettre un nombre supplémentaire de places de parkings. Pour réaliser cela, le projet prévoit la construction d’un talus le long de l’autoroute pour permettre d’élargir cet espace.

Masterplan

 Le Masterplan comprend 3 thèmes :

  • la place HORECA qui comprend l’ensemble des restaurants existants situés, le long de la chaussée de Bruxelles, devant l’église ;
  • une zone WITHEREN formée, d’une part, par la Witherendreef et la Kapucijnendreef autour du complexe culturel du Bosuil et, d’autre part, l’aménagement d’une zone récréative verte à l’arrière des habitations situées dans le triangle Witherendreef – Kapucijnendreef et Tulpenlaan ;
  • une zone récréative sur le site WAWA-Dombard. En effet, en plus de l’aménagement d’un parking le projet prévoit également la création d’une plaine de jeux pour enfants dont pourraient également bénéficier les écoles.

Horecaplein

A court terme, soit avant la réalisation de la sortie d’autoroute à la Brabandtlaan, le but serait de mieux réguler la circulation et la sécurité entre l’église et le carrefour Léonard. Ceci pourrait être obtenu comme suit (voir dessin) :

  • rétrécir la chaussée et de diminuer la vitesse à 30 km/h des véhicules
  • diminution des places de parking le long de la chaussée
  • installation de terrasses destinées aux restaurants devant l’église
  • aménager une piste cyclable via la chaussée de Bruxelles, la Eeuwstraat et ensuite la Bosuildreef

D’autre part, le but de cet aménagement est de permettre à Jezus-Eik de disposer d’une ouverture vers le bois. Pour cela le groupement Natuur en Bos, qui gère la Forêt de Soignes, pourrait déjà aménager la plaine entre le restaurant L’Auberge Bretonne et l’établissement Woudpoort en un petit centre récréatif avec divers jeux pour enfants, sous le regard de leurs parents (voir dessin). De plus au départ du Woudpoort il y a un bon accès vers le bois.

A long terme, le plan prévoit de bannir la circulation automobile au départ de la chaussée de Bruxelles à hauteur de l’église vers les divers restaurants. Une station de bus serait installée à proximité de l’église. Le piétonnier serait alors intégral et tous les restaurants auraient la faculté de jouir d’une terrasse accueillante. Un grand arbre serait planté afin de donner un peu d’ombre durant les mois d’été (voir dessin).

Par contre, le Masterplan ne fait pas mention des possibilités de la petite rue des Bûcherons, parallèle à la chaussée de Bruxelles, à l’arrière des restaurants dont le Mercator. Ceci est évident, étant donné que cette rue fait partie de la commune d’Auderghem et que les relations entre les deux communes ne sont pas bonnes.

La zone Witheren

Cette partie du plan comprend le début de la rue Kapucijnendreef, le complexe du Bosuil, l’église, le presbytère et le cloître. Cette zone boisée, également piétonnier, formerait une transition entre la horecaplein, la Forêt de Soignes et la zone récréative verte.

Le cloître qui jouxte l’église pourrait servir comme lieu de réflexion et de réception, d’activités culturelles ou d’exposition.

La Kapucijnendreef pourrait également être entièrement piétonnier afin de favoriser l’accès au bois pour les piétons et les cyclistes. Les places de parking devant le Bosuil seraient donc supprimées mais compensées par le parking sur le site WAWA-Dombard.

Le problème est de laisser un passage routier pour l’hôtel Soret, le Bosuil, le presbytère et évidemment les habitants de la rue Kapucijnendreef. Tout cela est-il compatible ?

Zone récréative WAWA-Dombard

Le principal but de pouvoir disposer du site WAWA-Dombard est de solutionner le problème du parking. Le site serait complété par l’installation d’un hangar couvert pour vélos, de locaux pour scouts ou guides, d’une plaine de jeux et d’installations sportives.

Ceci pourrait être réalisé en partie en aménageant les locaux actuels. D’autre part, le site touche la petite école de la Witherendreef et dès lors la construction d’un hall de sport pourrait être envisagée.

Dorpsraad Jezus-Eik

Le conseil de Jezus-Eik a organisé le 29 mars un débat politique sur ce sujet. Tous les partis locaux avaient été conviés. Le parti Overijse Plus y a participé activement. Les thèmes suivants y ont été débattus : la convivialité, la mobilité, le commerce et l’horeca, le patrimoine (principalement l’église et les divers bâtiments annexes) et le vivre en communauté.

Conclusion

L’entretien que j’ai eu avec certains restaurateurs fait apparaître que le Masterplan les inquiète. La cause principale sera la mobilité après la suppression des 52 places de parking devant leurs établissements. Ils estiment qu’un parking sur le site WAWA-Dombard ou à proximité de l’arrêt de bus situé Graaf de Meeusstraat et le trajet à pied qui s’en suivra ne motiveront pas les gourmets à se rendre dans les divers restaurants. De plus, la sortie d’autoroute Brabandtlaan sera évidemment nettement plus éloignée de la sortie actuelle. Comment les automobilistes arriveront-ils au parking WAWA-Dombard ?

De plus, il y a une contradiction dans le Masterplan au sujet du site WAWA-Dombard : le plan prévoit de rendre la zone Witheren piétonne et la possibilité de le faire également pour l’ensemble de la Kapucijnendreef. Le site WAWA-Dombard n’est, dès lors, donc plus du tout accessible et tout le Masterplan s’écroule.

Les restaurateurs citent également l’expérience d’autres villes qui ont décidé de rendre les rues piétonnes. Les résultats ont été catastrophiques pour les commerces. La dernière expérience à Bruxelles dans le quartier de la bourse est évoquée.

Enfin, question finances, le plan pour le site WAWA-Dombard est estimé dans le Masterplan à 300.000 € à charge d’Overijse. Ceci est en contradiction avec l’annonce au conseil communal que la commune devait supporter 50 % du prix d’achat de 1.800.000 €, soit 900.000 %. Les aménagements du site seraient également, en partie, à charge de la commune.

En conclusion, lors d’un vote au conseil communal sur l’achat WAWA-Dombard, il faudra s’opposer tant que la commune n’aura pas présenté un plan complet de la faisabilité du projet ainsi qu’un budget équitable avec les gestionnaires de la Forêt de Soignes. Budget qui devra comprendre non seulement l’achat du site mais également tous les aménagements projetés. L’utilité publique du projet devrait également être démontrée.

Emmanuel Morel de Westgaver

Conseiller communal à Overijse

  1. Traduit par Pierre-Emmanuel Dumont de Chassart – Conseiller communal à Overijse
  2. Les dessins sont extraits du ‘’Ruimtelijk Masterplan – eindrapport – juni 2015’’
  3. Cet article a été originellement publié dans Pénélope
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