2019, Bruxelles, Jezus-Eik

Le Projet OakTree, Drève de Willerieken, des centaines de plaintes

« Oaktree », c’est le nom d’un grand projet immobilier d’ARH Invest prévu sur la drève de Willerieken. Située à cheval entre Auderghem et Overijse, cette rue plutôt calme s’apprête à voir arriver la construction de huit villas unifamiliales et deux immeubles de trois à cinq étages.

Cet ensemble abriterait +/-80 logements, un appart-hôtel de 42 unités, 735 m² de bureaux, un centre de fitness-wellness, et 190 emplacements de parking privés répartis sur deux niveaux de sous-sol. Trop pour les riverains, qui n’ont pas hésité à manifester leur mécontentement lors de l’enquête publique. « On a reçu énormément de réclamations. On croule véritablement sous les courriers… Il doit y en avoir des centaines » , confie le service d’Urbanisme de la commune d’Auderghem.

Outre plusieurs pétitions papier qui ont récolté des centaines de signatures, une pétition en ligne a rassemblé 1400 personnes autour d’un même message : Non au projet Oaktree. « Notre plus gros reproche, c’est qu’il ne tient pas compte de l’environnement dans lequel il s’inscrit » , affirme Michèle Verhaert, à l’origine de la pétition. Plusieurs points posent problème pour les riverains, à commencer par le gabarit des bâtiments. « Il est prévu de construire une tour de cinq étages, ce qui est beaucoup trop grand. Elle dominerait la forêt et le quartier, qui ne se compose que de petites maisons, et serait visible à des kilomètres à la ronde » , déplore Michèle Verhaert.

L’hôtel inquiète également. « Il y en a un autre de l’autre côté de l’E411 et il n’est pas toujours plein, pourquoi en construire un nouveau ? » , s’interroge-t-elle. La mobilité dans le quartier pourrait aussi être mise à mal, d’après les habitants. « Étant donné qu’il n’y a pas beaucoup de transports en commun dans le coin, les gens vont devoir venir en voiture, mais il n’y a pas assez d’emplacements de parking. Que vont-ils faire ? Se garer sur la chaussée et gêner le trafic ? L’afflux de voitures va également créer de gros embouteillages, notamment pour rejoindre la E411 ».

Enfin, les riverains regrettent l’impact sur la faune et la flore d’un tel projet, mais surtout, ils s’étonnent de son non-raccordement aux égouts. « Ils vont construire deux stations d’épuration qui rejetteront les eaux traitées dans le sol, mais elles ne seront pas absorbées ! Ça va créer des marais et les gens auront les pieds dans l’eau ! Et puis, qu’avons-nous comme garantie que l’eau sera propre, qu’elle ne contiendra pas de métaux lourds par exemple ? »  , s’exclame Michèle Verhaert, qui est également géologue. « En fait, nous pensons que ce n’est tout simplement pas le bon endroit pour construire un tel projet » , résume-t-elle. 

De son côté, le bureau d’architecture, en charge du projet, se défend. « C’est surtout une affaire communautaire » , lance d’entrée Tanguy Maisin, l’architecte. « J’ai assisté à la réunion de concertation, fin octobre et les attaques contre ce coin de terrain provenaient surtout de Flandre » , note-t-il. Pour lui, tout a été réalisé dans le respect des réglementations. « Nous avons étudié le projet pendant plus d’un an avec les autorités communales et régionales » , affirme l’architecte, qui déplore une attitude systématique de rejet dans ce genre de dossiers. 

Sur la hauteur du plus grand immeuble, l’homme ne peut se contenir : « Huit étages, ça correspond à un gabarit moyen, ce n’est pas à comparer avec une tour ! » Quant aux problèmes de mobilité, il avance une étude de mobilité. « En période de pointe, il y aurait entre 30 et 32 voitures par heure en plus, ce qui est très peu » assure-t-il. Il admet néanmoins que des embouteillages peuvent se former quand il s’agit de prendre la bretelle. « Mais avec ou sans mon projet, ça ne change rien. Le problème se situe au Carrefour Léonard. » Enfin,concernant les égouts, l’architecte est très clair : « Nous avons voulu éviter de nous enliser dans un problème communautaire en demandant le raccordement à la Flandre. Nous avons donc opté pour les stations d’épuration. Celles-ci ont été soumises à l’avis de Bruxelles Environnement et nous avons réalisé des tests d’infiltration. »

Si Tanguy Maisin défend son projet bec et ongles, il n’est cependant pas opposé à réaliser quelques modifications. « Pour le parking, nous pourrions réaliser un niveau -3, de quoi obtenir entre 90 et 95 places en plus. Pour la « tour », nous réfléchissons à un revêtement en pierre beaucoup plus clair que le noir initialement prévu « , explique-t-il. L’architecte se dit par ailleurs ouvert à toute discussion. Reste désormais à la commune de décider de rendre un avis favorable, ou pas. 

Le comité consultatif d’Auderghem a formulé une recommandation positive (sous réserve d’un certain nombre de conditions supplémentaires) concernant la réalisation du projet Oaktree. Il appartient maintenant à la Région de Bruxelles-Capitale et à Bruxelles Environnement d’accorder ou non les permis d’urbanisme et d’environnement.

Cependant, plusieurs options restent ouvertes. Soit la double licence est accordée, les travaux peuvent être démarrés (après l’octroi du permis d’exploitation).

Soit, les développeurs du projet n’obtiennent pas d’autorisation et un nouveau et 3ème projet doit être redessiné.

Soit un troisième projet soumis avec des modifications profondes aux plans actuels est soumis, une nouvelle enquête publique est nécessaire.

Compte tenu des conseils insuffisants et des conditions peu claires et vagues imposées par le Comité de consultation, il est impossible de prévoir quelle décision sera prise (admission ou refus). Dans les mois à venir à venir, nous devons donc rester très attentifs aux panneaux publicitaires sur le site Oaktree (Welriekendedreef). S’il y a une approbation, c’est le seul endroit où cela se passe. Il n’y a pas de correspondance concernant la décision.

Si le projet en cours est approuvé, la seule option reste une demande d’annulation et de suspension auprès du Conseil d’État.

Sources :
Conseils communaux d’Overijse
DHNet

 

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